Lettre d’opinion : Les communautés francophones et acadienne réclament la santé en français

Depuis la mi-août, le pays vit au rythme d’une campagne électorale éclair. Malgré l’expérience de la pandémie, qui confirme que les provinces et territoires ont besoin de l’appui du fédéral pour mieux répondre à la crise dans les deux langues officielles du pays, la question des services de santé disponibles en français est absente.  

 

Au Canada, plus de 8 millions de personnes ont le français comme première langue officielle parlée. De ce nombre, plus d’un million résident, vivent et travaillent en situation minoritaire, c’est-à-dire dans une province ou un territoire où l’anglais est la langue d’usage. Partout au pays, ces francophones peinent à faire entendre les enjeux de santé qui les préoccupent. L’accès aux services de santé de qualité en français demeure difficile, inégal et souvent inexistant dans plusieurs régions du pays.   

 

Les chiffres parlent: en Ontario, seuls 33% des francophones affirment avoir parlé français avec leur médecin de famille, et le portrait empire plus on va vers l’ouest. Au Manitoba, cette proportion était de 16% et en Alberta de 3%. Au total, ce sont plusieurs centaines de milliers de francophones qui n’ont toujours pas accès à des services de santé adéquats en français.  

 

L’impact des barrières linguistiques est substantiel: lorsqu’elles sont présentes, les services de santé sont de moins bonne qualité et moins sécuritaires. Par exemple, les barrières linguistiques sont la source de problèmes au niveau des diagnostics, de la qualité de l’information disponible ou dans la gestion des maladies chroniques. Elles augmentent également la durée des séjours médicaux, les erreurs liées à la médication et le risque de subir des incidents médicaux. 

 

Alors que l’on promet des investissements importants pour augmenter le nombre de médecins ou pour mieux appuyer le secteur de la santé mentale – un secteur où les besoins pour des services en français sont particulièrement criants – on ne semble pas se soucier si les communautés francophones et acadienne du Canada pourront en bénéficier. Le gouvernement fédéral doit reconnaître sa responsabilité à engager les provinces à développer l’accès à des services de santé en français. Autrement, on creusera davantage l’écart déjà existant.  

 

Les investissements en santé doivent être associés à des obligations linguistiques afin d’assurer le développement équitable des services de santé disponibles aux francophones sur tout le continuum, incluant la santé mentale, la toxicomanie, les services à domicile et soins de longue durée, la santé en petite enfance ou la télémédecine, pour n’en nommer que quelques-uns.  

Comme l’ensemble des partis s’engagent à moderniser la Loi sur les langues officielles, le prochain gouvernement aura l’opportunité de reconnaître le rôle de la santé comme composante essentielle de la vitalité des communautés francophones et acadienne en situation minoritaire et renforcer l’appui disponible pour les provinces et territoires.  

 

La santé, c’est en français pour plus d’un million de Canadiennes et Canadiens vivant en situation minoritaire! 

 

Anne Leis, PhD, présidente de la Société Santé en français &  
Antoine Désilets, directeur général de la Société Santé en français